L’urgence écologique nous pousse à repenser nos modes de vie et de consommation. Et pour certains, la technologie est l’un des “ennemis à abattre” dans cette course à la protection environnementale. S’il est vrai que la technologie peut être une source de pollution, elle fait aujourd’hui partie intégrante de notre société et a permis de nombreuses avancées, économiques comme sociales, au cours des dernières décennies. La combattre et vouloir un retour en arrière est donc, non seulement illusoire, mais également contre-productif. Au contraire, lorsqu’elle est utilisée à bon escient, la technologie peut devenir un outil de taille pour répondre au défi écologique.
Technologie et écologie : est-ce antinomique ?
Le secteur du numérique a, comme beaucoup d’autres industries, eu un impact négatif sur l’environnement. L’impact d’internet n’est pas négligeable dans la dégradation du climat, on considère en effet qu’il représente entre 2 à 7% des émissions de gaz à effet de serre. Un tel constat paraît accablant. C’est d’ailleurs pour cela que les mastodontes du numérique prennent aujourd’hui la problématique à bras le corps en tentant de trouver de nouvelles alternatives pour réduire leur impact environnemental (recours aux énergies renouvelables, etc.). En France aussi, le sujet est au cœur des débats. L’Arcep s’est d’ailleurs exprimée en faveur d’un “numérique soutenable” dans son rapport du 15 décembre 2020.
Pour comprendre les mécanismes de la pollution, il est primordial de rappeler que la technologie n’est pas fondamentalement polluante. Par contre, les matériaux utilisés dans le cadre des composants et infrastructures, ainsi que les problématiques de mauvais usage peuvent conduire à un impact nocif sur l’écologie. À titre d’exemple, un email comportant une pièce-jointe de 1Mo émet 19 grammes de CO2, il a donc le même impact qu’une ampoule allumée pendant 1h. Nous sommes très nombreux à éteindre systématiquement les lumières quand nous sortons d’une pièce, sommes-nous aussi nombreux à porter la même attention à nos pièces jointes, nos fichiers inutilisés mais stockés, et nos échanges numériques ? Cela est peu probable, non pas par mauvaise volonté, mais par méconnaissance de l’impact, bien réel, des échanges virtuels.
La première étape pour réconcilier technologie et écologie est donc de modifier nos habitudes. Du côté des professionnels, il est grandement temps de mettre l’emphase à la fois sur une éducation des utilisateurs aux bonnes pratiques mais aussi sur des développements, des applications et des infrastructures intrinsèquement moins énergivores et embarquant des matériaux plus respectueux de l’environnement.
L’IoT environnemental : porte drapeaux de l’éco-responsabilité numérique
En 2021, la sobriété numérique s’impose plus que jamais aux professionnels de ce secteur. Le but est de réduire l’impact de la technologie sur l’environnement via des initiatives comme la mise en place de sites internets ou de logiciels éco-conçus. Plusieurs organismes comme le Think Tank Shift Project se sont penchés sur la question de la sobriété numérique et peuvent être une source d’inspiration pour cette transformation.
Améliorer les pratiques actuellement en place, que ce soit au niveau des consommateurs ou des professionnels de l’industrie numérique est une première étape. Mais, au-delà de simplement réduire l’impact négatif de la technologie, il est également pertinent de s’intéresser aux bénéfices de cette dernière dans la lutte pour la préservation de l’environnement. Les administrations publiques mais aussi les professionnels, et notamment les acteurs industriels, peuvent ainsi utiliser la technologie pour optimiser et mesurer la consommation énergétique afin de comprendre comment sont utilisées les ressources pour mieux les préserver. C’est là tout l’intérêt des territoires engagés et connectés, aussi appelés smart cities ou smart territoires : ils mettent la technologie au profit, à la fois des citoyens, mais aussi de l’environnement, pour trouver le juste équilibre entre confort et responsabilité environnementale.
Selon le rapport SmaRter 2030, l’utilisation des technologies comme l’IoT permettra de réduire de dix fois les émissions de CO² d’ici 2030. Et pour cause, la notion d’IoT environnemental réconcilie technologie et écologie en optant pour un usage sobre du numérique au service de l’environnement. Et cela s’applique à de nombreux domaines.
Du côté de la gestion des réseaux d’eaux, par exemple, l’IoT permet de localiser, à 1 mètre près, les fuites afin de les endiguer rapidement et d’éviter des travaux envahissants. Pour l’ensemble des ressources utilisées quotidiennement par les français – eau, gaz et électricité – le télérelevé permet, lui aussi, de limiter les émissions de CO² via la remontée plus régulière de données permettant d’optimiser l’utilisation des ressources mais aussi via la réduction des déplacements, puisqu’il n’est plus nécessaire de venir relever chaque compteur. Il en va de même pour les déchets, qui, grâce à des capteurs intégrés aux bennes, pourraient n’être collectés qu’une fois la benne pleine – réduisant ainsi le nombre de déplacements des camions poubelles.
De leurs côtés, les systèmes de chauffage, de climatisation et d’éclairage – dans les lieux publics comme privés – pourraient également être optimisés grâce à l’IoT afin de limiter la dépense énergétique. Mais ce n’est pas tout, les professionnels de la logistique ou des transports pourront également adapter les trajets afin de choisir l’itinéraire émettant le moins de CO².
Les possibilités sont multiples. Il ne nous reste plus qu’à changer notre perspective sur la technologie afin de la voir, non plus comme un domaine isolé et simple vecteur d’innovations, mais plutôt comme une pierre angulaire en matière de protection des ressources. Ainsi, toute nouvelle construction devrait intégrer, dès la genèse du projet, des composantes technologiques permettant de mesurer et d’adapter la consommation énergétique. C’est ainsi que nous pourrons, à terme, avoir un réel impact quotidien et positif sur la préservation de l’environnement.